Publié le 16 décembre 2022

Parc naturel régional de la Brenne

À la découverte des oiseaux hivernants en Brenne

L’hiver s’installe en Berry et ramène avec lui les oiseaux venant du nord de l’Europe. Oiseaux migrateurs ou hivernants, ces grands voyageurs aiment s’arrêter, pour une durée plus ou moins longue dans le Parc naturel régional de la Brenne. L’occasion idéale pour observer des espèces non visibles durant la période estivale. On a testé pour vous une sortie observation, on vous raconte ! Rendez-vous à l’étang Foucault, à Rosnay afin d’accéder aux observatoires ornithologiques.

Le parc de la Brenne, une zone humide d’intérêt international

Tout d’abord, notre guide nous fait un petit rappel sur le Parc régional de la Brenne.

Le Parc régional de la Brenne se situe à l’Ouest du Berry, dans l’Indre. Composé de 3 400 étangs, ces derniers ont tous été créés par la main de l’homme. Effectivement, ce sont les moines qui, au Moyen-Âge, ont décidé de transformer ces terres infertiles en étangs de pisciculture. En effet, la religion chrétienne imposant de manger du poisson frais, ce dernier ne pouvait pas être transporté mort. Il était alors difficile de fournir le centre de la France en poisson frais, étant donné que la mer se trouvait à plusieurs jours de voyage, d’où la création de ces étangs.

En France, on recense 250 espèces d’oiseaux nicheurs (espèces restant en France toute l’année, ex : mouette, pigeon…). On retrouve 3⁄4 de ces espèces en Brenne. S’ajoutent à cela, les espèces hivernantes et migrantes. Ainsi, on recense à peu près 380 espèces d’oiseaux en Brenne.

La présence d’autant d’espèces différentes s’explique par la diversité des sols. Au centre de la Brenne on retrouve des zones humides, des prairies, des landes et des terres argileuses. Cependant, au sud du parc, on retrouve des vallées calcaires avec des falaises, des buttons et notamment les cours d’eau de la Creuse et de l’Anglin. De plus, les étangs sont très bas par rapport au niveau de la terre, ce qui apporte beaucoup, au niveau botanique.

Parc Naturel Régional de la Brenne - Oiseaux hivernants Brenne

Etang Foucault ©A²I

On sort les jumelles, les longues-vues et on observe

Niché dans les observatoires , à l’abri du regard des oiseaux, voici ceux que l’on a pu observer:

Grande Aigrette : grand échassier, toute blanche, de la même taille qu’un héron cendré, avec un bec entièrement jaune.

Aigrette Garzette : toute blanche, plus petite que la Grande Aigrette, avec un bec entièrement noir. Lors de la période nuptiale (printemps – été), elles ont une huppe sur la tête.

Il y a une vingtaine d’années, les aigrettes étaient des espèces rares en France. Originaires d’Afrique, elles migraient uniquement pour l’été, c’était donc des estivantes. Se plaisant en France, elles sont devenues hivernantes et sont maintenant inscrites dans le paysage de la Brenne.

Grande aigrette, aigrette garzette PNR Brenne - Oiseaux hivernants Brenne

©A²I

Vanneau Huppé: reconnaissable car il est toujours en groupe et a un vol dit « papillonnant ».

Mouette : contrairement à une idée reçue, les mouettes ne vivent pas uniquement en bord de mer. On les retrouve dans beaucoup de zones humides ou le long de grands fleuves tels que la Loire.

Cygne Tuberculé (bec rouge, très commun en France): Importé par l’homme au Moyen-Âge, il était très apprécié pour sa chair. Vivant dans les douves des châteaux, certains individus se sont échappés et ont établi domicile en Brenne. Le cygne tuberculé est un oiseau qui ne migre pas, contrairement à ses cousins, le cygne de chanteur ainsi que le cygne de Bewick (reconnaissables grâce à leur bec jaune). On les aperçoit moins souvent, ils sont plus sauvages et visibles uniquement en hiver.

Cygnes Tuberculé PNR Brenne - Oiseaux hivernants Brenne

Cygnes Tuberculé observé en Brenne ©A²I

Ainsi que le Grand Cormoran : grand oiseau, plat et noir.

La majorité des oiseaux ont une glande sur leur becs qui sécrète de la cire. Cette cire est imperméable, de ce fait, les oiseaux se l’étalent sur leur plumages lorsqu’ils font leurs toilettes. C’est pourquoi, l’eau coule sur leur plumages et ne les mouille pas. Les cormorans, eux, n’ont pas cette glande, ce qui les obligent à aller sécher leur plumages lorsqu’ils sortent de l’eau. Voilà pourquoi ils ouvrent et exposent leurs ailes et leur corps au soleil et au vent. Ce qui est assez cocasse pour un oiseau plongeur.

D’autres espèces ont également été observées : Canard Colvert, Canard Siffleur, Martin Pêcheur, Héron Cendré, Canard Foulque Macroule (ressemblance avec la Poule Noire), Grèbe Huppé, Busard des roseaux, Grèbe Castagneux, Mouette Rieuse et également un Ragondin !

Oiseaux hivernants, migrateurs, qu’est ce que ça veut dire ?

Qu’est-ce qu’un oiseau hivernant ?

C’est un oiseau qui vient des pays nordiques (Nord de l’Europe, Sibérie) et qui descend dans des pays plus chauds pour l’hiver à la recherche de nourriture (le froid et la neige rendant la nourriture rare) mais pas seulement. Il migre aussi pour se reposer, notamment durant la mue.

Lors de leur mue, les oiseaux perdent leurs plumes avant que d’autres ne repoussent, ce qui peut, pour certains, les empêcher de voler durant quelques jours (comme les canards, chez qui la mue se fait d’un coup : ils perdent ainsi toutes les plumes de leurs ailes, les empêchant de voler durant quelques jours). Ils ont donc besoin de se cacher des prédateurs, ne pouvant plus s’enfuir en cas d’attaque. Les oiseaux migrent donc pour la nourriture et pour la protection. Exemple de quelques oiseaux hivernants : canards, rapaces, buses, grues cendrées, rouges-gorges…

Un oiseau hivernant est un oiseau qui migre mais qui s’arrête sur place pour l’hiver. Un oiseau migrateur est un oiseau qui fait seulement une halte dans son voyage (pour la nuit ou de quelques jours) avant de continuer sa migration vers sa destination finale.

Les grues cendrées, très connues en Brenne, sont les deux. Venant de Russie, elles descendent jusqu’au nord du Maroc ou en Espagne (certaines s’arrêtent dans les Landes). Cependant, certaines ont compris que la source de nourriture en Brenne leur suffisait et décident d’y rester. Elles deviennent donc de plus en plus hivernantes.

©Jean-Marc Surand

La migration

La plupart des oiseaux migrent, même si c’est seulement de quelques milliers de kilomètres. Les canards, rapaces et même les rouges-gorges sont des espèces migrantes. En effet, le rouge-gorge que l’on voit par exemple, à Lille durant l’été, ne sera pas le même individu une fois l’hiver venu. Effectivement, les rouges-gorges migrent vers le sud (sud de la France ou l’Espagne pour les individus français).

De nombreuses espèces migrent, voyagent et vivent en groupe pouvant aller jusqu’à plus de 8 000 individus. C’est un comportement différent de celui que l’on peut observer dans les pays nordiques. Cela leur apporte de la sécurité. En effet, être en groupe leur permet d’avoir plus de chance de repérer un prédateur et d’y échapper en cas d’attaque. Les grues cendrées, par exemple, sont très territoriales dans les pays nordiques. Elles vivent en couple, cependant on ne retrouve qu’un seul couple sur plusieurs kilomètres voire sur plusieurs hectares. Or, lors de la migration, elles voyagent et vivent en grands groupes, pouvant aller jusqu’à 8 000 individus.

Il y a 3 principaux axes de migrations en Europe :

  • Le premier est celui qui longe le littoral européen, les oiseaux ne coupent pas dans les terres. Ils suivent la Manche puis l’Atlantique.
  • Le second longe la Manche avant de couper dans l’est de l’Europe. On peut voir certains groupes dans l’est de la France.
  • Le troisième longe également la Manche avant de couper dans le centre de la France, passant en Brenne. Les rapaces, cigognes ou encore les grues cendrées utilisent cet axe.

Grues cendrées en Brenne ©Clara Ferrand

Parfois, les oiseaux se font prendre dans une forte tempêtes qui les fait (grandement) dévier de leurs axes migratoires. C’est pour cela, qu’il arrive de temps en temps de voir des oiseaux d’Amérique de Nord en France, une tempête les ayant fait dévier et traverser toute l’Atlantique. La plupart meurent d’épuisement. Les survivants restent en France et se greffent à des groupes d’espèces apparentés.

Les vents forts venant de l’ouest amènent parfois avec eux des espèces pélagiques (de bord de mer, du large) en Brenne. Désorientées et épuisées, il est compliqué pour ces espèces de retourner dans leur habitat naturel. La météo impacte directement les oiseaux, ce qui rend parfois leurs migrations dangereuses.

L’observation des oiseaux en Brenne

On retrouve une quinzaine d’observatoires en Brenne. Ces petits abris de bois permettent d’observer au plus près les oiseaux, sans les déranger. Ils sont libres d’accès 24h/24, 7j/7 tout le long de l’année (sauf moment exceptionnel, ex : régulation de populations néfastes, se déroule en général sur une demi-journée). On retrouve la carte des emplacements à la Maison du parc (située à Le Bouchet, à Rosnay) ou dans les offices du tourisme locaux.

Observatoire ©Lezbroz

Tout au long de l’année, des sorties accompagnées sont organisées par Destination Brenne sur des thématiques différentes (grues cendrées, oiseaux hivernants, les oiseaux en Brenne…). Accompagné d’un ou d’une guide naturaliste passionné(e), c’est une sortie idéale pour en apprendre plus sur le parc, les espèces qu’il abrite ainsi que sur la nature en général. Amateur ou expert en ornithologie, ou encore simple curieux, le parc de la Brenne offre de magnifiques spectacles et paysages. Les guides sauront vous accueillir avec bienveillance et répondront à toutes vos questions.

Un samedi de chaque mois est consacré au comptage bénévole des oiseaux. On peut y participer, accompagné d’autres bénévoles confirmés qui forment les nouveaux gratuitement. Plus d’informations auprès de la Maison du Parc.

Quand observer les oiseaux en Brenne ?

FévrierMars : oiseaux migrateurs, rapaces, cigognes…

AvrilMai Juin : arrivée des espèces estivales, saison des parades nuptiales.

JuilletAoût : temps beaucoup plus calme, les espèces estivales sont toujours là mais les poussins sont grands.

SeptembreOctobre : début de la migration.

Octobre : arrivée des hivernants.

OctobreMars : comptage des oiseaux hivernants.

En fonction des températures nationales, les périodes changent. En 2022, les hivernants sont arrivés fin octobre – début novembre suite à la tendance mondiale de températures « chaudes » pour le mois d’octobre.

Observatoire Parc Naturel Régional de la Brenne - Observation Oiseaux hivernants Brenne

©A²I

Les sorties nature en Brenne sont réservables en ligne sur destinationbrenne.fr

  • 16 décembre 2022
  • personne(s) aime(nt) cet article
  • Aucun commentaire

Poitevine d'origine, j'ai choisi le Berry pour mes études. Je prends plaisir à le découvrir au fil de ses châteaux et espaces naturels.

Ajouter un avis