Publié le 6 septembre 2021

Abbaye de Noirlac

Balade berrichonne au fil du cinéma

Jour de fête à Sainte-Sévère-sur-Indre, La règle du jeu à Aubigny-sur-Nère, Le clan des Siciliens à Châteauroux… L’Indre et le Cher ont servi de cadre à de nombreux films de cinéma. Partez à la (re)découverte du Berry de manière originale en suivant ces lieux de tournage comme fil d’Ariane.

Souvent, les films nous font voyager, nous transportent ailleurs. Et si, pour une fois, nous passions de l’autre côté de l’écran pour nous rendre sur les lieux mêmes où des films ont été tournés. Histoire de découvrir de nos propres yeux les paysages qui leur ont servi de décor, de nous replonger dans une atmosphère qu’on a aimée ou pour le plaisir de marcher dans les pas d’acteurs ou d’actrices célèbres.

Pour cela, inutile de réserver vos billets pour Paris, New York ou Los Angeles. Prenez plutôt la direction du Berry, qui a servi et continue de servir de cadre à de nombreux films, dont plusieurs font partie de la mémoire cinématographique collective. « Avec ses paysages très contrastés, du Sancerrois à la Brenne, et de la Champagne berrichonne au Boischaut-Sud, le Berry est une terre de prédilection pour les tournages, commente Gérard Coulon, historien, archéologue et passionné de cinéma, auteur notamment d’un ouvrage intitulé L’Indre au cinéma. Il a aussi la chance d’abriter de nombreuses demeures de caractère et sa situation au Centre de la France constitue un avantage logistique. » Le décompte exhaustif des tournages est compliqué – certains n’ayant pas abouti à un film – mais Gérard Coulon a tout de même dénombré 100 à 120 longs métrages tournés tout ou partie en Berry. « Le tout premier tournage date de 1921, précise-t-il. C’était un film muet tiré du roman La petite Fadette de George Sand et tourné à Nohant. »

Tati, une empreinte indélébile à Sainte-Sévère

Parmi les lieux de cinéma du Berry, Sainte-Sévère-sur-Indre occupe une place particulière. En 1947, Jacques Tati y a tourné Jour de fête, une comédie qui a inspiré des générations de réalisateurs et laissé une empreinte indélébile à Sainte-Sévère, dont nombre d’habitants participèrent au tournage. Le village abrite ainsi depuis 2009 la Maison de Jour de fête, avec une scénovision qui replonge le visiteur dans l’univers du film et les tribulations de François le facteur. Elle est installée sur la place du Marché, elle-même immortalisée dans ce chef-d’œuvre du cinéma burlesque.

Châteauroux n’est pas en reste. En 1969, Henri Verneuil y a tourné une scène fameuse du célébrissime Clan des Siciliens avec Alain Delon et Jean Gabin, quand un avion atterrit sur une autoroute. La scène a en fait été tournée à la base aérienne de la Martinerie. En 1975, c’est Jean-Paul Belmondo qui y tourne des scènes de L’alpagueur, de Philippe Labro, notamment à l’ancien Hôtel de France, à l’angle de la rue Victor Hugo et de la rue Molière, et à la centrale de Saint-Maur.

Gérard Depardieu à Valençay en Colonel Chabert

Plus récemment, en 2017, Un amour impossible, avec Virginie Efira, a été en grande partie réalisé à Châteauroux, notamment rue de l’Indre, ainsi qu’à l’étang de Bellebouche.

L’épisode de la base américaine à Châteauroux, de 1951 à 1967, a de son côté inspiré plusieurs films, tel Châteauroux District, avec Guy Marchand, sorti en 1987, où l’on peut reconnaître des quartiers castelroussins.

Pour ses Noces rouges (1973) Claude Chabrol avait choisi Valençay pour incarner son atmosphère de petite ville de province. Michel Piccoli y jouait le conservateur du château de Valençay. Vingt ans plus tard, en 1993, c’est Gérard Depardieu qui arpentait le parc du château dans Le Colonel Chabert, dont Bouges-le-Château a aussi accueilli le tournage.

En 1988, Georges Wilson tourne La Vouivre à Saint-Benoît-du-Sault, Ceaulmont et en Brenne, avec au générique Lambert Wilson, Jean Carmet et Suzanne Flon dont la prestation est couronnée par le César de meilleure actrice dans un second rôle en 1990. « Ils avaient déboulonné le monument aux morts de Saint-Benoît-du-Sault pour les besoins d’une scène, raconte Gérard Coulon. Cela avait suscité une manifestation d’anciens combattants, mais la statue avait bien été remise en place et même repeinte par la production ».

Michou d’Auber (2005), de Thomas Gilou, a en grande partie été tourné à Argenton-sur-Creuse, sur le site du vieux pont entre autres. Une scène de bagarre avec Gérard Depardieu a également été tournée à Montchevrier.

Jean Renoir a tourné dans le Cher

Le département du Cher s’est très tôt illustré en accueillant une partie du tournage de La règle du jeu (1939) de Jean Renoir, considéré aujourd’hui encore comme l’un des plus grands films du 7e art. Des scènes ont été tournées à Aubigny-sur-Nère et sur le site des Réaux, à Brinon-sur-Sauldre, pour l’épisode de la partie de chasse.

Les années 60 ont été particulièrement prolifiques en tournages de films restés célèbres. La gare de Vierzon apparaît dans Le jour et l’heure de René Clément, sorti en 1963. En 1967, c’est Jean-Gabriel Albicocco qui installe ses caméras dans le Cher pour Le Grand Meaulnes. Il tourne à Nançay, La Chapelle-d’Angillon et Épineuil-le-Fleuriel où Alain-Fournier passa une partie de son enfance et qu’il décrit dans Le Grand Meaulnes sous le nom de Sainte-Agathe.  Ce village du sud du Cher abrite toujours la maison-école, transformée en musée, où il habita avec sa famille.

En 1968, Bourges reçoit la visite de Claude Autant-Lara pour le tournage du Franciscain de Bourges d’après le livre de Marc Toledano, avec l’acteur Hardy Kruger dans le rôle-titre. L’histoire vraie d’un infirmier militaire allemand, moine franciscain, qui aida des prisonniers de la Gestapo à Bourges. Le réalisateur a tourné sur les lieux mêmes où se sont déroulés les faits, à la prison du Bordiot.

En 1976, la scène d’ouverture de L’argent de poche, de François Truffaut, dans laquelle une jeune fille envoie une carte postale depuis le centre de la France, est naturellement tournée  à Bruère-Allichamps, où s’élève une colonne matérialisant ce centre géographique.

La Princesse de Montpensier, de Meillant et Noirlac au festival de Cannes

 

Plus près de nous, en 2009, Bertrand Tavernier, est venu dans le Cher pour plusieurs scènes de La princesse de Montpensier, avec Lambert Wilson et Mélanie Thierry au générique. Film d’époque, se déroulant au XVIe siècle, il a notamment été tourné au Palais Jacques-Cœur à Bourges, à l’abbaye de Noirlac sur la commune de Bruère-Allichamps, et au château de Meillant. Le film faisait partie de la sélection officielle du festival de Cannes en 2010 et obtint le César des meilleurs costumes en 2011.

Des films prestigieux, des acteurs célèbres, des lieux patrimoniaux : Berry et grand écran font bon ménage, encore ne s’agit-il là que d’un petit échantillon des films tournés dans l’Indre ou le Cher.  De quoi attirer les amateurs de promenades sur le thème du cinéma.
« Un bon film peut être prescripteur en matière de tourisme », souligne Gérard Coulon. Alors, entre le Gers du Bonheur est dans le pré et Bergues, rendue célèbre par Bienvenue chez les Ch’tis, les cinéphiles peuvent cocher le Berry sur la carte de leurs destinations favorites. Action !

 

Palais Jacques Coeur de Bourges ©Ad2T - E. Luciani

  • 6 septembre 2021
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J'ai découvert le Berry lors d'une pause en direction du Sud. Un havre de paix où j'ai pris racine et dont je continue de découvrir les richesses vingt ans après.

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