Publié le 14 février 2015

Chopin et George Sand

Chopin et George Sand, une love story berrichonne

On parle souvent du Berry comme d’une terre romantique par nature. En aurait-il été ainsi si Frédéric Chopin et George Sand s’étaient aimés ailleurs qu’à Nohant ? Probablement pas. Car c’est leur complicité artistique à l’origine d’un amour idéal qui a cristallisé l’idée même du Berry romantique. Et quel moment plus opportun que la Saint-Valentin pour célébrer l’un des couples mythiques de l’histoire ?

Un amour idéal et romantique

« Ils servaient le même idéal, et rien ne lie davantage les hommes que cet amour-là, auquel ils atteignent par la consécration qu’ils lui font de leur vie. […] Qu’importent ce qu’ils souffrirent par les autres, l’un par l’autre et l’un pour l’autre durant leur courte vie. Ils s’aimèrent, il s’admirèrent, ils servirent, l’un comme l’autre, la beauté qu’ils trouvèrent l’un dans l’autre ! ».

Il n’y a pas plus belle introduction que ces mots d’Aurore Sand (petite fille de la romancière) pour décrire l’amour qui a uni sept étés durant Chopin et George Sand.

Cet amour n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille et paraît même s’être invité à l’improviste chez deux êtres qui ne s’appréciaient pas franchement au départ.

Si bien que, lorsqu’ils se rencontrent chez Liszt et Marie d’Agoult, les deux amants ne semblent pas prédestinés. George Sand, néanmoins subjuguée par le talent du musicien, s’amuse de son apparente fragilité et de sa vertueuse délicatesse. Quant à Chopin, il déclare « Qu’elle est antipathique cette Sand. Est-ce bien une femme ? ».

Les présentations sont faites. George Sand, vêtue en homme et qui, de surcroît, fume et monte à cheval comme un Cosaque, n’a pas fait mouche auprès du musicien ! Chopin décline ses invitations à plusieurs reprises mais la dame est téméraire en amour :

« Il n’est pas dans ma nature de gouverner mon être par la raison quand l’amour s’en empare ».

En 1838, Chopin accepte enfin de venir passer un été à Nohant, ce sera le premier de sept saisons passionnées et tumultueuses…

 

Nohant en plein coeur

Même s’il déclare ne pas aimer la campagne, Chopin prend plaisir à la rêverie que lui procurent les paysages du Berry. A la nuit tombée, il veille dans les jardins du domaine et s’inspire de cette douceur apaisante.

Domaine de George Sand

Maison de George Sand © Hellio et Van Ingen

Il se plait à Nohant. Il faut dire que, pour lui être agréable, George Sand fait preuve d’inventivité et déploie des trésors d’attention à son égard. Elle commande un piano Pleyel qu’elle fait installer dans la chambre du musicien au premier étage de la maison. Les heures musicales succèdent aux heures silencieuses. Rien ne semble troubler cette harmonie.

Maison de George Sand

Maison de George Sand ©Hellio et Van Ingen

Maison de George Sand

Maison de George Sand ©Hellio et Van Ingen

Le soir on veille tard sous les frondaisons des tilleuls odorants. Nohant devient un Salon de pensées où l’on fume, disserte et se distrait. Plus qu’un refuge artistique et littéraire, la demeure de l’écrivain est un oasis de liberté pour tous les esprits contestataires de l’époque. Flaubert, Delacroix, Balzac, Théophile Gautier, Pierre Leroux, Liszt, Pauline Viardot… tous sont venus chercher en Berry la latitude nécessaire à l’expression de leurs idéaux et de leur sensibilité.

Chopin - Collection Christiane Sand

Chopin – Collection Christiane Sand

Chopin ne prend pas vraiment part aux débats philosophiques et politiques qui animent les discussions. Au piano, il s’évade dans un monde connu de lui seul. Eternel anxieux, il sait se montrer, sous ses airs de dandy, plutôt affable, joyeux et même parfois fantaisiste.

Mais on le sait tourmenté. Loin de sa famille, exilé de sa Pologne natale, il a mal. L’atmosphère chaleureuse et familiale qu’instaure la maîtresse de maison, les visites régulières des amis, les balades nombreuses aux beaux jours et les soirées musicales et littéraires ne suffisent pas à compenser ses humeurs ombrageuses.

On dit pourtant que c’est auprès de George Sand qu’il connaît les heures les plus heureuses de sa vie. C’est en tout cas sous sa bienveillance aimante et presque maternelle qu’il écrit les plus belles pages de son œuvre.

Une rupture difficile

Ces sept années d’intense création pour les deux génies s’achèvent par une rupture fracassante en 1847.

Le départ de Chopin ne fera toutefois pas plus de bruit qu’un « la » en sourdine. Après la rupture, George Sand gomme avec minutie les dernières traces de son amour disparu. La chambre de Chopin est partagée en deux parties : l’une transformée en bureau, l’autre en bibliothèque.

Maison de George Sand

© Hellio et Van Ingen

Si bien qu’il ne reste de Chopin aujourd’hui que les portes capitonnées qu’il fait installer afin de ne pas perturber son monde avec ses insomnies musicales…

Chopin de retour à Nohant

Le Nohant Festival Chopin, qui célèbre ses 50 ans en 2016, fait revivre le génie musical de l’une des plus grandes figures du romantisme européen. La bergerie du domaine transformée en auditorium et le grenier littéraire accueillent, durant près de deux mois (juin et juillet), tous les plus grands pianistes, musiciens, comédiens, écrivains d’aujourd’hui… Le jubilé rassemblera les plus grands pianistes internationaux autour d’un programme spécial pour célébrer 50 années de romantisme à Nohant.

  • 14 février 2015
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Membre de Berry Province parce que le Berry est un peu ma terre natale, que j'y cultive mes plus beaux souvenirs. Parce que la campagne est belle, que sa beauté est attachante, qu'on n'est jamais à l'abri d'une belle rencontre. Et surtout parce qu'en Berry même les arbres ont une âme !

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