
Découvrez le sud Berry au temps des chevaliers
Au XIVe siècle, le Berry a vécu des heures mouvementées lors de la Guerre de Cent ans. De nombreux châteaux-forts témoignent aujourd’hui encore de cette période troublée et tracent un itinéraire de découverte original, alliant histoire et patrimoine.
Le Berry n’a pas toujours été au cœur de la France. Il fut un temps, au milieu du XIVe siècle, où sa partie méridionale constituait une frontière. La Guerre de Cent ans venait alors de débuter et le sud Berry était à la confluence des zones sous domination française et anglaise. L’Indre et le Cher actuels furent ainsi le théâtre de faits marquants et de combats acharnés, à l’instar de la chevauchée du Prince Noir, fils du roi d’Angleterre, qui sèma la mort et la destruction en 1356 de Saint-Benoît-du-Sault à Vierzon, ou du siège et de la prise de Sainte-Sévère en 1372 par Bertrand du Guesclin, connétable du roi de France.

Carte – © Chemins de la Guerre de 100 ans
De nombreux châteaux-forts et forteresses médiévales témoignent encore de cette période troublée. Certains datent d’avant la Guerre de Cent ans, mais tous portent la trace de ce XIVe siècle mouvementé : « À cette époque, on relève les murs, on construit une tour supplémentaire, une palissade en bois… On retrouve donc une vraie homogénéité en termes d’architecture militaire », explique Alexandre Godin, président de la Fédération des Chemins de la Guerre de Cent ans. Cette dernière, fruit du rapprochement de plusieurs associations de valorisation du patrimoine médiéval du sud Berry, s’est en particulier donnée pour mission de « constituer un nouvel axe d’itinérance touristique régionale » au fil de ces châteaux, forteresses et bourgs castraux.
Une invitation à voyager dans le temps
La Fédération des chemins de la Guerre de Cent ans en répertorie près d’une trentaine dans le sud du Berry, depuis Ingrandes (36), près du Blanc, dans l’Indre, jusqu’à Culan, à la pointe méridionale du Cher, formant une sorte de ligne Maginot médiévale. Une invitation à voyager dans le temps le long de ce parcours de près de 150 kilomètres. Le site Internet de la Fédération sert de guide en proposant une carte interactive qui permet d’organiser son itinéraire et d’en savoir plus sur chaque site, simplement en cliquant dessus. Certains sont en ruines, d’autres sont visitables, certains sont privés, d’autres appartiennent à des communes, mais tous vous transportent six siècles en arrière : les murailles épaisses surplombant les vallées, les pavés arrondis par le temps, la puissance qui émane des donjons… En fermant les yeux, on entendrait presque le cliquetis des armes, le bruit des sabots ou le marteau du forgeron sur l’enclume dans la cour du château…

Château Naillac surplombant la Creuse, au Blanc. – © N. Barraud
Partez à la découverte de Château Naillac, pris et repris par Anglais et Français lors de la Guerre de Cent ans. Bien conservé, il abrite également l’Écomusée de la Brenne. Scrutez l’horizon depuis les courtines du château du Bouchet, gravissez les pentes qui mènent à la forteresse de Brosse, bâtie sur un éperon rocheux, promenez-vous dans les ruines monumentales de Cluis-Dessous, marchez dans les pas de Louis de Culant, seigneur de Culan et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc… Les chemins de la Guerre de Cent ans du sud Berry sont un livre d’histoire à ciel ouvert. À chacun de le lire en totalité sur plusieurs jours, ou d’aller directement à ses chapitres favoris le temps d’un après-midi. Et, ce faisant, de découvrir le territoire et sa palette de paysages, de la Brenne au Boischaut-Marche en passant par la Vallée de la Creuse, à travers une thématique à la fois originale et captivante.

Le château de Sarzay – © N. Barraud
Le béhourd, sport de combat en armure
En complément de son site Internet, la Fédération des chemins de la Guerre de Cent ans travaille à une application pour smartphone qui optimiserait la découverte du circuit en toute mobilité. Elle pourrait être disponible l’année prochaine.
L’association propose également diverses animations. Le programme a été cette année perturbé par le contexte sanitaire, mais elles seront au rendez-vous de 2021. Une journée d’étude sur le thème de « L’homme et l’animal pendant la Guerre de Cent Ans » est d’ores et déjà prévue samedi 10 avril à Gargilesse. Le rendez-vous du mois de juillet promet d’être un peu moins calme puisqu’il s’agira d’un tournoi de béhourd, dans le cadre somptueux de Château Naillac. Le béhourd est la version moderne des tournois de chevaliers. « C’est un vrai sport de combat, avec sa propre fédération, souligne Alexandre Godin. Les combattants sont en armures et utilisent des reproductions d’armes d’époque ». En équipes (les gagnants sont les derniers debout) ou en duel (les coups portés rapportent des points), « tous les coups sont permis sauf derrière le genou, entre les jambes et sur les pieds. Les coups d’estoc (c’est-à-dire pour piquer) sont interdits ». Un spectacle impressionnant qui témoigne de l’intensité des combats médiévaux.
En été, des guides stagiaires proposent également des visites gratuites de sites emblématiques. Mais c’est bien toute l’année que vous pouvez partir à la découverte de ce pan d’histoire du Berry, avec une belle balade à la clé.

Le château de Culan – © N. Barraud
Commentaires - Un commentaire
Monique - Le 6 octobre 2020
Superbe reportage un grand merci