Jardins de Noirlac : une palette de couleurs au pied de l’abbaye

Les nouveaux jardins de l’Abbaye de Noirlac, créés par le célèbre paysagiste Gilles Clément, offrent une dimension supplémentaire à la visite de ce joyau cistercien, situé près de Saint-Amand-Montrond, dans le sud du Cher. Visite guidée avec Jonathan Champion, responsable des jardins de Noirlac.

L’Abbaye de Noirlac, fondée au XIIe siècle et occupée par les moines jusqu’à la Révolution, est déjà célèbre pour son ensemble architectural exceptionnel, la fabuleuse acoustique de sa grande abbatiale ou encore les rendez-vous de sa saison culturelle. Elle le sera désormais aussi pour ses jardins. Depuis deux ans en effet, le site de l’abbaye cistercienne, sur la commune de Bruère-Allichamps, près de Saint-Amand-Montrond, s’est enrichi de jardins imaginés et dessinés par le célèbre paysagiste Gilles Clément, à qui l’on doit, entre autres, le réaménagement des jardins du château de Blois et le parc André-Citroën à Paris.

Du jaune, du blanc, du bleu…

Les nouveaux jardins de Noirlac se partagent en plusieurs espaces. L’avant-cour, par laquelle on accède à l’abbaye depuis le parking visiteurs, offre, entre les plantations, une vue traversante entre le coteau d’un côté de l’abbaye, et le bocage de l’autre, classé Espace Naturel Sensible. Les couleurs occupent une place centrale : aux arbres de Judée aux fleurs d’un rose pourpré répondent des clématites jaunes, des ronces tricolores ou encore des graminées pouvant atteindre plus de trois mètres de hauteur (miscanthus) qui structurent l’espace et apportent une dimension graphique. Un peu plus loin, le massif des roses changeantes, érigé à l’emplacement de l’ancien réfectoire des frères convers, propose une palette très colorée et parfumée au moment de la floraison. Encore quelques pas et nous entrons dans le jardin du cloître. Des massifs aux contours irréguliers y ont été aménagés. Depuis la galerie supérieure, le visiteur reconnaîtra des formes aux allures de nuages ; sensation encore accentuée par le bleu des plantations (hysope, sauge, romarin…) qui semble refléter l’azur du ciel. À l’Est de l’abbaye, le blanc qui règne parmi les trois massifs orientaux – marguerites, gauras aux fleurs légères, anémones du Japon… – semble éclairer la façade de l’édifice. Ils offrent aussi une très belle perspective sur l’allée de vénérables tilleuls tricentenaires classés Arbres Remarquables, l’un des plus anciens alignements d’arbres encore présents en France.

L’ensemble des nouveaux jardins s’étend sur environ deux hectares dans l’enceinte même de l’abbaye, auxquels s’ajoutent deux parties à l’extérieur. Un verger a notamment été planté près du chemin d’accès et des tables de pique-nique y ont été installées.

Jardins de Noirlac @ Lezbroz

Des Jardins de Pesselières aux Jardins de Noirlac

« Ces jardins sont en accord avec le projet global de l’abbaye. Elle est aujourd’hui devenue un Centre culturel de rencontre, avec des spectacles, des résidences d’artistes, des visites de scolaires, etc., qui apportent une modernité à ce bâtiment solennel, et je pense que c’est aussi le cas de ces jardins qui sont des jardins contemporains. Cela a vraiment du sens », souligne Jonathan Champion, à qui ont été confiés l’entretien, l’évolution et la pérennité de cette création végétale.

Ce jeune quarantenaire a grandi dans nord du Cher. Au carrefour de ses passions pour les plantes et le dessin, il a d’abord intégré un bureau d’études paysagères, en région parisienne. Avant que le charme et l’authenticité de la campagne berrichonne ne le rappellent dans le Cher, aux Jardins de Pesselières, sur la commune de Jalognes, pour y exercer ses talents de jardinier. Aux côtés du propriétaire des lieux, Pascal Fontanille, et de l’architecte-paysagiste des jardins d’Orsan, Patrice Taravella, il a ainsi été l’un des artisans de la mise en oeuvre d’un vaste parc romantique d’inspiration anglaise, désormais labellisé Jardin Remarquable.

Cette expérience, Jonathan Champion la dispense donc aujourd’hui en tant que responsable des jardins de l’Abbaye de Noirlac. « Je suis arrivé en septembre 2020, à peu près en même temps que le jardin finissait de sortir de terre. Mon rôle est d’entretenir et de faire grandir le jardin qu’a créé Gilles Clément, explique Jonathan, qui y distille aussi son empreinte. Depuis un an et demi, j’ai vu ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins bien. J’essaie par exemple d’étaler la floraison dans le temps en plantant des pivoines, des dahlias, des perce-neiges… ». Dès janvier, ces derniers éparpillent égayent ainsi les pelouses de l’abbaye de leurs petits points blancs.

Jardins de Noirlac @ Lezbroz

Tout au naturel

L’entretien s’effectue sans aucun produit chimique, les engrais sont bio, les outils électriques et le compost est fait maison. Avec beaucoup d’opérations manuelles, le travail du jardinier prend parfois des allures monacales qui, en ce lieu, prennent justement tout leur sens.

Nul doute que le label « Jardin Remarquable » viendra récompenser la beauté et l’originalité des jardins de Noirlac. Mais d’ores et déjà, ces derniers offrent une excellente raison supplémentaire de (re)découvrir ce site magnifique, dont ils subliment un peu plus encore la majesté et la sérénité bienveillante qui en émanent. D’autant que, bien qu’ils soient encore jeunes, ces nouveaux jardins, de par leur composition, ont déjà atteint l’essentiel de leur épanouissement.

Informations pratiques

Site internet : Abbaye de Noirlac

Du 1er fév. au 31 mars et du 2 nov. au 23 déc. : tous les jours, 14h > 17h
Du 1er avr. au 1er nov. : tous les jours, 10h > 18h30

Bonne visite !