Installé dans l’ancien hôtel-Dieu, auquel a été ajoutée une extension moderne en 1995, le musée issoldunois réserve de magnifiques surprises et découvertes aux visiteurs, avec ses collections très différentes, superbement mises en valeur, et plusieurs pièces exceptionnelles. Cap sur Issoudun… Avec Nicolas Barraud !
J’avais entendu parler du musée de l’hospice Saint-Roch, à Issoudun, comme d’un musée de qualité, qui valait le détour, mais je n’y étais jamais allé. À tort, car ce détour, je l’ai fait, et l’expression « de qualité » est un euphémisme. Le musée de l’hospice Saint-Roch d’Issoudun (12 000 habitants) est un musée labellisé Musée de France.
Un musée entre histoire et modernité
Dès l’arrivée, le hall lumineux, dans la partie la plus récente du musée, offre une large vue sur la partie la plus ancienne – l’hôtel-Dieu du XIIe siècle rebâti au XVe – et donne d’emblée une idée de la richesse du lieu : entre histoire et modernité, antiquités et art contemporain.
L’hôtel-Dieu abrite de manière assez classique les collections archéologiques et historiques issues de découvertes effectuées dans la région. Ce qui l’est moins, classique, c’est la rareté et la qualité de conservation de plusieurs pièces :
- Une exceptionnelle boucle de ceinture de l’époque mérovingienne, finement gravée, qui fait également office de reliquaire
- Une épée celte
- Un griffon en bronze, mi-aigle mi-lion découvert à Issoudun et possiblement du XIIIe siècle
- Le gisant d’un abbé d’Issoudun datant de la fin du XIIe siècle et sa crosse en cuivre et émail de Limoges trouvée dans la sépulture



Pas d’objets à profusion ici, mais une scénographie sobre qui met en valeur des objets beaux et surprenants.
Deux arbres de Jessé monumentaux
Simple mise en bouche avant le clou du spectacle : la chapelle, dédiée à Saint Roch, patron des malades et des chirurgiens, avec ses deux arbres de Jessé de la fin du XVe siècle. Jessé est un personnage biblique, père du roi David, souvent représenté comme la racine d’un arbre dont chaque ramification porte un ancêtre de Jésus. L’arbre de Jessé est donc un motif connu mais ceux de l’hospice Saint-Roch d’Issoudun sont tout à fait remarquables.
« Ce sont des sculptures en très haut relief, très bien conservées et totalement uniques par le nombre de personnages représentés. Quinze pour l’arbre des ancêtres royaux de Jésus et seize sur l’arbre des prophètes. Situé aux deux angles du mur est, les deux arbres constituent un ensemble exceptionnel, comme s’il s’agissait d’un immense retable. »


La chapelle réserve d’autres trésors pour les yeux comme cet autre mur entièrement orné de fleurs de lys, des vitraux du XVe ou les douze apôtres représentés sur les corbeaux des poutres principales. L’ensemble est naturellement classé monument historique.
L’incroyable apothicairerie de l’Hospice Saint-Roch
La visite pourrait s’arrêter là ; elle réserve pourtant bien d’autres surprises. A peine le temps de reprendre son souffle que, quelques pas plus loin, un autre monument historique se dévoile, d’un tout autre genre celui-là : l’apothicairerie de l’hospice, créée en 1646 se dresse devant nous, avec ses rangées de pots. C’est là qu’étaient préparés les remèdes en tous genres à partir d’ingrédients étranges et mystérieux. Près de 400 pots des XVIIe et XVIIIe siècles y sont alignés sur des étagères, réunis autour d’un magnifique mortier en bronze de la fin du XVe que l’apothicaire recruté par l’hospice avait amené avec lui. De même qu’une collection de 31 boîtes en bois peint, du début du XVIIe, appelées silènes, qui contenaient également des remèdes.



Cet ensemble en fait « l’une des apothicaireries hospitalières les mieux conservées et les plus importantes de France », souligne Patrice Moreau.
L’art contemporain à l’honneur
À l’étage supérieur, le visiteur découvre une collection de tableaux du XVIIe siècle, issue de l’ancien musée des beaux-arts de la ville, bombardé en 1940. Au milieu de l’une des salles trône un clavecin. Pas n’importe quel clavecin : celui-ci est entièrement peint et a été fabriqué en 1648 par Jean Denis, illustre facteur d’instrument de l’époque. Classé monument historique, il s’agit du plus ancien clavecin de facture française, daté et signé des collections publiques françaises. Et c’est en Berry, à Issoudun, qu’il faut venir le voir !

De riches expositions saisonnières
La suite de la visite se passe dans la partie la plus récente, dont une large partie est dédiée à l’art contemporain, en particulier les arts graphiques. Un domaine pour lequel le musée issoldunois est « très bien identifié dans la région et au niveau national », note le conservateur du musée. L’organisation d’expositions saisonnières permet de renouveler régulièrement les œuvres exposées. Il n’est pas rare également que le Centre Georges Pompidou, le Fonds national d’art contemporain et d’autres institutions de l’art moderne apportent leur contribution aux expositions de l’hospice Saint-Roch.
Voyage en Papouasie-Nouvelle Guinée
Des donations, le musée issoldunois en a reçu plusieurs et ce n’est pas un hasard. L’harmonie trouvée entre l’ancien et le contemporain, la mise en valeur des collections, la proximité d’œuvres majeures sont des arguments séduisants pour des donateurs.

Chaque donation présente un caractère remarquable et le musée n’a d’ailleurs pas hésité à s’agrandir pour les accueillir. Le couple Fred Deux et Cécile Reims, qui a longtemps vécu dans le sud de l’Indre, lui a ainsi confié une très riche collection d’œuvres – dessins et gravures aux traits si caractéristiques, livres… – mais aussi des objets personnels qui nous plongent dans l’atmosphère où les deux artistes vivaient et créaient.


Parmi ces objets personnels figurent une collection d’objets ethnographiques (masques, statues…) qui constituent une transition parfaite avec une autre donation faite au musée par la congrégation des missionnaires du Sacré-cœur d’Issoudun. Fondée en 1854, elle ont mené des missions d’évangélisation en Océanie, en particulier en Papouasie-Nouvelle Guinée, dont ses membres ont ramené une très riche collection qui aurait toute sa place au musée du Quai Branly, à Paris.


C’est dans un autre univers que nous plonge la donation Léonor Fini, une artiste peintre, décédée en 1996, proche des Surréalistes. Le musée abrite la reconstitution à l’identique du salon de son appartement parisien, dans un somptueux décor Art nouveau, avec des objets et du mobilier signés de créateurs tels que Louis Majorelle et Emile Gallé.
Musée à ciel ouvert
La visite s’achève à l’extérieur, dans le parc de sculptures ouvert depuis 2020. 5 000 m2, dessinés là même où se dressaient les anciens jardins et dépendances de l’hôtel-Dieu, habité par des sculptures d’artistes des XXe et XXIe siècles : Max Ernst, André Masson, César, Vincent Mauger… Une vraie salle du musée à ciel ouvert.


Voilà, c’est tout cela le musée d’Issoudun et bien plus encore ! J’avais trop attendu pour m’y rendre. Ne faites pas la même erreur. D’autant plus, cerise sur le gâteau, que l’entrée est gratuite !
Tarifs | Min. | Max. |
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Tarif groupe |
60 € | – |
Tarif groupe |
2 € | – |
Autre tarif |
1,50 € | – |
Thématiques