Le parler berrichon survit à travers des mots et des expressions de tous les jours ! Pour vous mettre à la page sur cette parlure locale, nous avons décidé de vous conter berrichon avec l’un de ses plus fervents défenseurs, Pascal Pauvrehomme. Figure emblématique de notre province du Berry, homme de lettre, il met son talent de conteur au service de la langue berrichonne qu’il s’emploie à faire connaître et perdurer, fier de son terroir et de ses origines : « Le berrichon, je suis tombé dedans quand j’étais petit ! ».
Histoire d’une culture berrichonne
C’est parce que le berrichon évoque les mots de son enfance, que Pascal Pauvrehomme met tant d’énergie à le transmettre.
J’ai été élevé dans une ferme du Berry au quotidien rythmé par les travaux des champs et de la vigne. Quand j’entends parler berrichon, c’est mon pays natal qui parle !
Car le berrichon est avant tout le langage de la terre, lié aux animaux et aux hommes qui la foule et la façonne.
« Cette langue a existé longtemps, tant que le monde paysan était fort, explique Pascal. Beaucoup de mots et d’expressions viennent du monde rural et agricole mais les paysans ne représentent plus que 2% de la population active. »
Si bien que la langue berrichonne est à présent attachée à la mémoire des anciens, aux veillées tardives dans les locatures et les chaumières du siècle dernier, au labeur des paysans et à leur vie familiale.
« Pour beaucoup aujourd’hui le parler berrichon est vécu comme l’appartenance à une société reculée. Renier cette langue c’était finalement prendre l’ascenseur social. Je pense pour ma part qu’être en faveur du berrichon est assez révolutionnaire. C’est, d’une certaine façon, le moyen de faire perdurer des valeurs humaines auxquelles nous devrons revenir. »
Le berrichon : patois, dialecte ou langue régionale ?
« Je dirais que le berrichon est inclassable ! Il n’est ni un dialecte, ni un patois mais plutôt une parlure ! Comme beaucoup de patois du Nord de la France, le berrichon a souffert de sa proximité avec la langue officielle – le français, instituée par le pouvoir… Alors que les patois du Sud et frontaliers ont été préservés de cette assimilation. Mais c’est surtout à partir de la fin du 19ème siècle, avec les lois Jules Ferry instaurant la pratique du français à l’école, que la disparition progressive du berrichon s’est accélérée. La chasse aux patois a sonné le glas des langues qui n’étaient pas solidement installées ».
Certains travaillent désormais à ce que le berrichon devienne pour nous un souvenir. Pour autant, il n’a pas complètement disparu du paysage local !
Une parlure bin d’cheu nous !
Même s’il a la vie dure et malgré les railleries dont il fait l’objet, le berrichon a su conjuguer jadis au présent. Il pointe souvent le bout de son nez au détour d’une phrase, narguant la langue officielle avec un mot ou une expression, un « r » roulé, une contraction, une inversion de lettres ou une prononciation particulière…
Cette langue doit aujourd’hui beaucoup à notre dernier chantre, Jean-Louis Boncoeur. En versifiant et en faisant rimer les mots, il a mis en littérature le parler berrichon et contribuer à en donner une vision gaie et positive. Quand j’entends une personne prendre congé le matin en disant « bonsoir », je sais que c’est quelqu’un du cru !
Pour compléter votre lecture …
21 expressions typiquement berrichonnes
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